A l'heure d'internet et des tutos à tout va, Il y a un glabi-boulga ambiant qui, loin de donner des clés aux chercheurs de Bien-être, noie non pas le poisson mais le pigeon à fric que vous êtes devenus.
Sous des concepts parfois plus farfelus les uns que les autres, on vous explique qu'en un we, d'une formation en ligne de 3 semaines, vous deviendrez la meilleure version de vous-mêmes.
Et même mieux et plus : ainsi appareillé de toutes les promesses de connaissances et de compétences ainsi rondement acquises, vous irez aider vos pairs et gagnerez confortablement votre vie (ben oui, vous en connaissez beaucoup de formation de 40 heures qui vous font passer de votre RSA, de votre Smic laborieux à ... 60/75 € de l'heure ?) Et on parlerait de chamanisme ? Je ne crois pas non ...
Très vite, après deux ou trois patients (familiaux, de préférence), le sentiment d'imposteur s'installe. Et qui rend très malheureux les personnes en quête, en chemin spirituel véritable, ayant le sentiment - à raison - de ne pas avancer assez vite à leur goût : ce n'est pas normal. Les idées, oui, super, mais concrètement, rien ne se passe comme prévu dans leur vie.
Que l’on se rassure : si l’on connaissait le quart du tiers de la vie des Mentors, des guides ou tout autre expert auto-proclamé, nous nous apercevrions très vite qu’il y a souvent un gouffre entre l’idée que nous nous faisons d'eux ou qu’ils nous vendent, et la réalité factuelle de leur quotidien. Et toujours un gap dont ils ne se vantent pas : cela leur a pris des années. Mais comme ils veulent vous vendre de l'immédiateté, ils ne risquent pas de s'en vanter.
Alors, mettre la charrue avant les bœufs, un mal de l'ego spirituel de notre temps ? Oui.
Tout étant à portée de main et surtout de clic, nous mélangeons et piochons allègrement des concepts aussi riches que variés. En voici, pêle-mêle, un certain nombre, mais la liste n’est pas exhaustive :
- Les vies antérieures : ce n'est pas moi qui suis responsable, c’est mon aïeule. Qui d’ailleurs était une princesse égyptienne.
- Ho’ oponopono : le pardon à toutes les sauces et en toutes occasions. Plus facile à dire qu'à faire, en chamanisme, le pardon n'existe pas ... ça va être compliqué !
- “Tout est parfait. Tout est bien”. Accepter sans comprendre fondamentalement que la vie n'est pas contraire est un raccourci ridicule . Expliquez cela aux ukrainiens en ce moment. Le comble du New Age.
- Guérir son enfant intérieur : essayez à 50 ans de soigner une varicelle attrapée à l'âge de 2 ans, et je vous tire mon chapeau. Lourdes n’a qu’à bien se tenir !
- Aimer, c’est développer un amour inconditionnel et une compassion à toutes épreuves. N’étant pas Sœur Emmanuelle, nous nous sentons tellement ridicule, minable, paumé avec notre amour sous conditions à deux balles. L’idée, oui. Dans notre quotidien, définitivement, nous en sommes loin.
- Développer le détachement. Dans une société ultra individualiste et narcissique, ça tombe drôlement bien. Mais pourtant nous sommes loin des peuples autochtones : ils ont l’attachement chevillé au coeur car bizarrement leur survie en dépend.
- L’autonomie et l’indépendance affectives sont les clés de la zénitude. Ne rien attendre de personne. Donner sans recevoir ... ( “Tu l’as fait pour toi, non ? vous dit -on non sans une certaine perversité lorsque vous rappelez juste l’aide que vous avez apporté “ . Çà c’est le deuxième top ! Devenez une serpillère, frustrée de surcroît car le monde ne vous dira même pas merci.
- Ne pas juger, en toutes circonstances, en toutes occasions. Juger une situation ou une personne en persifflant alors que cela ne nous concerne pas, ma grand-mère appelait déjà cela faire la concierge aux ragots, la commère, la langue de ... Nous n’avons rien inventé. C’était déjà “mal “ au temps des catéchismes. Juger une situation qui NOUS concerne s’appelle tout simplement “en penser quelque chose de notre point de vue “, avoir l'esprit critique.
- Le Maître apparaît quand l’élève est prêt. Grosse ambigüité sur cette phrase. Porte ouverte à tous les gourous installés sur leur piédestal qui vous vende sur internet les "signe" que vous êtes prêt ... à débourser une belle somme d'argent.
- Rencontrer son animal Totem qui aura toutes les réponses De préférence l’Aigle ou l’Ours. Moi j’ai rencontré une blatte.
Un chemin de guérison est d’abord et avant tout un chemin difficile de lucidité, de responsabilité et d’honnêteté. C’est peu à peu ôter nos masques de protection, de survie, de défenses contre des agressions réelles ou imaginées de l’extérieur. C’est prendre le pari fou qu’en étant soi-même, profondément soi-même, nous irons mieux, que cela sera plus facile, plus harmonieux, plus serein, que notre vie prendra un sens et s’inscrira dans le grand Livre de la vie (pas moins !) . Peut-être, un jour... Mais en attendant, on trépigne, on se plaint, on désespère d’y arriver un jour, on continue à penser que le monde ne tourne pas rond, on ne voit pas de résultats, ou si peu, et on est de plus en plus mal.
Nous voulons connaitre la Lumière, baigner en Elle, rêver à Elle, nous inspirer d’Elle.
Les années 80 et 90 nous ont expliquées que le syndrome du Prince charmant était une belle connerie pour nous les filles et pour vous messieurs que Superwoman Working Girl n'allait pas tenir 10 ans à ce rythme là sans friser le burn-out. Soit. OK. Alors tout le monde a rangé sagement ses utopies dans les cases pertes sans profits de son imagination fantasmagorique. Et dans cet espace devenu vacant, nous tentons d'y faire entrer ... la Lumière.
Comme une promesse de vie meilleure, une amie qu’il faut apprivoiser, séduire, cajoler, caresser. Que je sois un bon gars ou une bonne fille, et la Lumière me sera offerte. Mais tout aussi inaccessible et vain car cette idée n’est que le fruit de notre mental bien huilé aux tâches scolaires. Nous avons pourtant bien appris notre leçon, pourquoi n'avons-nous pas 20/20 dans la vie ?
Parce qu’on ne peut pas faire l’économie des travaux pratiques. Pas juste une fois sur la paillasse du labo, ni à l’occasion d’un we entre surdoués de la zénitude, mais tous les jours, jusqu’à ce que cela devienne non pas notre seconde nature, mais NOTRE nature.
Aller sur un chemin de guérison, ou tout simplement d’un mieux-être, c’est apprendre à voir. Voir nos zones d’ombre. Ce n’est pas facile. Mais ce n’est globalement rien d’autre.
Voir, non pas dans la culpabilité mais dans l’acceptation. Ça ne se fait pas en une séance thérapeutique, ni même en dix. Cela peut prendre une vie pour les plus résistants.
Et tous ces concepts lumineux se mettront alors en place sans même que nous nous en rendions compte, sans l’avoir décidé. Car ils sont la conséquence de ce travail sombre et inconfortable préalable. Non la source. La lumière est la charrue, oui, dans laquelle nous pourrons y mettre tout ce qui fait sens pour nous.
Mais nos bœufs sont à apprivoiser avant tout le reste.
C'est ce travail en profondeur que je vous propose lors d'un séjour chamanique, de stages chamaniques ou de coaching chamanique. Ma formation chamanique s'adressant aux plus courageux.
Ceux qui m’ont inspirés pour cet article Alice Miller (abus et maltraitance de l’enfant) Paul Degryse, éclaireur Toltèque, avec qui je partage sans réserve la notion de spiritualité réaliste.
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